PRENDRE SOIN DE LA SANTÉ... ET DU VIEILLISSEMENT.
L’âgisme dans les soins de santé
Le vieillissement de la population oblige le système de santé à s’adapter pour assurer l’accès aux soins et aux services sociaux, quels que soient notre âge et notre condition physique et mentale. Au cours des dernières décennies, de multiples ressources financières, matérielles et humaines ont été mobilisées pour nous permettre d’affronter les défis auxquels nous faisons face. Toutefois, l’âgisme peut malheureusement s’immiscer dans les soins accordés aux aînés.
Le vieillissement, une maladie ?
La qualité des soins auxquels nous accédons s’apprécie bien au-delà des structures et des décisions politiques. Malheureusement comme tout environnement où se côtoient différentes générations, le milieu de la santé n’est pas exempt d’âgisme. Des études révèlent qu’il se manifeste tant dans les centres de santé (CLSC, CHSLD) et les cliniques privées que dans services d’aide à domicile. L’âgisme est présent, par exemple, lorsque des membres du personnel soignant emploient un langage infantilisant, voire irrespectueux, dans leurs interactions avec les personnes aînées. Ce comportement découle de préjugés bien ancrés, alors que les aînés sont abordés comme étant nécessairement lents, rigides, irritables, fragiles et confuses. Plus encore, le vieillissement y est parfois considéré comme une maladie et non comme un état changeant. Conséquemment, les priorités des personnes âgées en regard de leur santé (autonomie, fonction, absence de souffrance, etc.) sont souvent bien différentes des objectifs des professionnels de la santé (réduire la maladie, prolonger la vie).
Différentes manifestations et différentes causes
Des recherches démontrent que la discrimination liée à l’âge s’exerce parfois au moment du diagnostic : des symptômes physiques ou psychologiques décrits par les personnes aînées sont automatiquement attribués à la vieillesse, alors qu’ils nécessiteraient une intervention, c’est-à-dire des soins de santé ou des services sociaux qui n’ont rien à voir avec l’âge. L’âgisme est ainsi responsable de dépistages tardifs et de délais dans les traitements, qui peuvent aller jusqu’à causer des torts irréparables aux bénéficiaires et à leurs proches. Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé déplore l’exclusion des personnes aînées de nombreux protocoles de recherches cliniques et le manque d’intérêt des étudiants et des étudiantes pour la gérontologie et la gériatrie.
Les stéréotypes, préjugés et discrimination âgistes relèveraient d’ailleurs en grande partie du manque de formation du personnel de la santé. L’environnement de travail serait aussi déterminant : l’opinion défavorable de collègues, le manque de temps pour les soins, la pénurie de ressources humaines et des conditions de travail insatisfaisantes, entre autres, augmenteraient les risques de discrimination.
Dans ce contexte, nous devons prendre conscience, tant individuellement que collectivement, de l’âgisme dans les soins de santé. Rompre avec l’âgisme évite ainsi d’accentuer la détresse psychologique et l’isolement des personnes aînées et ainsi cesser de voir le vieillissement comme une maladie.
La pandémie de COVID-19 a non seulement eu un effet dévastateur sur la vie de nombreuses personnes aînées, victimes de la maladie, mais elle a aussi favorisé l’émergence de stéréotypes, de préjugés et de comportements discriminatoires liés à l’âge et au vieillissement. Selon l’OMS, la crise sanitaire a mis en lumière le problème de l’âgisme dans l’organisation même des soins de santé et des services sociaux de nombreux pays à travers le monde.