FAIRE DES RENCONTRES, DÉCOUVRIR L’AUTRE, APPRENDRE. PUIS RÉPÉTER.

Combiner les stratégies

Plusieurs études soulignent que les stratégies visant à rompre avec l’âgisme envers les personnes aînées qui associent l’éducation et les contacts intergénérationnels sont tout particulièrement efficaces. En effet, elles nous permettent d’appliquer ou d’expérimenter directement, au sein même de nos interactions, les connaissances que nous avons acquises. 

Ce type d’interventions, combinant l’éducation (transmettre des informations plus nuancées et plus réalistes sur le vieillissement) et les contacts intergénérationnels (mettre en contact différentes générations), permet aux personnes :

  • d’intégrer et d’appliquer les informations apprises dans le cadre de formations, de cours, d’ateliers;
  • de confirmer qu’elles correspondent à la réalité;
  • de mettre en pratique de nouvelles compétences, favorisant une diminution accrue des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination liés à l’âge. 

Selon les études, les effets positifs des interventions mixtes seraient favorisés par la tenue d’un journal de bord, l’organisation de séances de réflexion ou d’échanges entre les personnes participantes sur leurs expériences intergénérationnelles. Lors d’une formation en santé et services sociaux, les contacts avec des personnes aînées en santé, dans un cadre informel et sans rapport avec les soins (ex. : activités artistiques) seraient plus efficaces pour rompre avec l’âgisme. Ces contacts permettraient ainsi d’éviter de conforter les stéréotypes et les préjugés envers le vieillissement et les personnes aînées, et de favoriser le développement d’une relation positive et plus authentique. Chez les moins de 18 ans, rencontrer uniquement des personnes aînées en bonne santé serait moins efficace pour rompre avec l’âgisme. Ces personnes aînées pourraient ainsi être perçues comme des exceptions, ce qui ne permet pas de déconstruire les stéréotypes. 

 

Quelques exemples d’initiatives 

Une étude [1] menée en Chine  a permis à un groupe de 78 jeunes âgés en moyenne de 16 ans et un autre groupe de 73 personnes aînées âgées en moyenne de 72 ans, de diminuer de façon significative les préjugés et la discrimination chez les jeunes envers les personnes aînées. En effet, ces résultats ont été obtenus grâce à une phase dite de « stimulations » où le groupe aîné apprenait sur les défis des jeunes d’aujourd’hui et vice-versa. Cette compréhension mutuelle établie, les participants ont par la suite organisé une activité intergénérationnelle prenant en compte ces défis. Le projet comporte donc différentes stimulations, réflexions sur ce qui est vécu et appris, phases de consolidation intergénérationnelle, et des discussions. Ces activités ont influencé positivement le partage et le contact entre les jeunes et les personnes aînées. Elles ont également amélioré le sentiment de confort et de solidarité, et facilité les interactions, collaborations et relations personnelles entre les deux parties. 

Une autre initiative [2] , s’étant déroulé auprès de 23 jeunes de 11 ans et plus, et auprès de 10 personnes aînées, révèle une diminution de la discrimination, ainsi qu’un statu quo concernant les préjugés et les stéréotypes, grâce au programme « Bridges Together » comportant des contes, des interviews, des activités artistiques et de loisirs. Surtout, l’étude révèle l’importance d’intervenir tôt dans le développement des enfants, avant que les stéréotypes ou préjugés ne soient trop ancrés.

 

Référence des études : 

[1] Sun, Q., Lou, V. W., Dai, A., To, C., & Wong, S. Y. (2019). The effectiveness of the young–old link and growth intergenerational program in reducing age stereotypes. Research on Social Work Practice, 29(5), 519–528. https://doi.org/10.1177/1049731518767319 

[2] Babcock, R. L., MaloneBeach, E. E., & Salomon, H. M. (2018). A quantitative and qualitative evaluation of the impact of an intergenerational program on children’s biases toward older adults. Journal of Intergenerational Relationships, 16(1–2), 123–138. https://doi.org/10.1080/15350770.2018.1404423

Références
Andreoletti, C. et Howard, J. L. (2018). Bridging the generation gap: Intergenerational service-learning benefits young and old. Gerontology & Geriatrics Education, 39(1), 46‑60. https://doi.org/10.1080/02701960.2016.1152266
Augustin, F. et Freshman, B. (2016). The Effects of Service-Learning on College Students’ Attitudes Toward Older Adults. Gerontology & Geriatrics Education, 37(2), 123‑144. https://doi.org/10.1080/02701960.2015.1079705
Beaulieu M, de Oliveira Batista AF, Lévesque J, Vézina J. (2015). Éduquer à contrer l’âgisme à défaut de pouvoir bien évaluer! Une version contemporaine québécoise du Quiz factuel sur le vieillissement de Palmore, dans Lagacé M (Ed.) Représentations et discours sur le vieillissement. La face cachée de l’âgisme?, Canada : Presses de l’Université Laval, p. 37-59 
Gamliel, T. et Gabay, N. (2014). Knowledge Exchange, Social Interactions, and Empowerment in an Intergenerational Technology Program at School. Educational Gerontology, 40(8), 597‑617. https://doi.org/10.1080/03601277.2013.863097
Gardner, P. et Alegre, R. (2019). “Just like us”: Increasing awareness, prompting action and combating ageism through a critical intergenerational service learning project. Educational Gerontology, 45(2), 146‑158. https://doi.org/10.1080/03601277.2019.1584976
Lytle, A., & Levy, S.R. (2019). Reducing ageism: Education about aging and extended contact with older adults. The Gerontologist, 59(3), 580–588. https://doi.org/10.1093/geront/gnx177 
North & Fiske (2012) An Inconvenienced Youth? Ageism and Its Potential Intergenerational Roots