LES « VIEILLES », LES « VIEUX » : QUI SONT-ILS? QUI SOMMES-NOUS?
Comment parler d’âgisme?
Comment parler d’âgisme – et surtout comment rompre avec l’âgisme – sans faire nous-mêmes de la discrimination? Comment, en effet, parler d’âge, de vieillesse, de vieillissement, de personnes âgées sans risquer de créer des stéréotypes ou des catégories? Force est de constater que nous sommes contraints par le langage… et que nous devons composer avec celui-ci!
Nous pouvons néanmoins prendre conscience que, tout naturel qu’il paraisse, l’âge est une donnée culturellement et socialement construite. Les catégories telles que l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte et la vieillesse sont sujettes à des variations dans le temps et selon les lieux. Être « vieux » au Québec ne veut pas dire la même chose qu’en Chine ou en Afrique. De plus, les frontières entre ces catégories nous paraissent tout particulièrement floues. Et même les tranches d’âge en apparence objectives que représentent les sexagénaires, septuagénaires, octogénaires, etc., ne parviennent pas à rendre compte de la diversité des parcours de vie. Change-t-on vraiment lorsqu’on passe de 79 à 80 ans?
Cela dit, l’âge est un marqueur social, comme le sont le sexe, le genre et l’appartenance ethnique. Selon l’époque, la culture, le contexte et le milieu (au travail, dans notre quotidien, dans nos rapports avec nos proches, entre autres), avoir tel ou tel âge nous incite à adopter certaines attitudes et certains comportements spécifiques envers nous-mêmes et envers les autres. Aussi, nous ne sommes pas perçus comme étant vieux ou vieilles au même moment, ni de la même manière, lorsque nous consultons un médecin, que nous cherchons un emploi ou que nous jouons avec des enfants.
Pour ajouter au tableau, l’âgisme peut exacerber d’autres types de discrimination et de marginalisation, qu’elles soient basées sur le sexe, le genre, l’appartenance ethnique, la sexualité, la santé physique et mentale, le statut socioprofessionnel ou la classe sociale. Par exemple, des études montrent que les femmes sont davantage discriminées sur la base de leur âge au travail et en ce qui concerne leur apparence, alors que les perceptions négatives de la sexualité des personnes aînées sont intensifiées par l’homophobie.
Pour rompre avec l’âgisme, qui frappe davantage et plus durement les personnes qui ne sont plus considérées comme étant jeunes (l’étalon de la jeunesse servant de point de référence), il nous faut reconnaître la multitude des façons de vieillir, la complexité de ce que représente l’âge et les représentations des personnes aînées! Autrement dit, « vieillir », être une « personne aînée », voire être « vieux » ou « vieille », sont des termes connotés négativement à partir du moment où ils sont associés à des perceptions, à des attitudes et à des comportements négatifs. Attelons-nous, donc, pour rompre avec ces idées préconçues et leur en associer de plus positives!
Références